❤️ #SYNDROME #SJÖGREN
✅ Chers membres, voici une analyse synthétique simple et claire sur le sujet du syndrome de Sjögren et les trois fluides biologiques indispensables au fonctionnement de l’organisme : larmes, salive, mucus intestinal.
⏩ Bien qu'aucun traitement curatif satisfaisant n'existe pour 150 000 personnes touchées, des immunosuppresseurs
locaux ou systémiques peuvent être utilisés.
綾 Logiquement, pour le mucus intestinal, sa qualité et sa non perméabilité aux envahisseurs dépendent fortement d'une alimentation saine et adaptée (ie probiotiques).
1. DOSSIER SANTÉ
Les larmes, indispensables
pour tout voir… et tout vivre
Le parcours
des larmes
Sac lacrymal
Glande lacrymale
Canal lacrymonasal
Entempsnormal,ellessont
évacuéesparlenez.
Leslarmess’accumulent
dans lesaclacrymal.
Laglandelacrymale
produitdeslarmes.
Encasd’émotionforte,ilyasurproduction
delarmes.Lecanallacrymalsature.
Leslarmescoulentalorssurlesjoues.
Illustration:SophieJacopin
2
3
4
1
ne peut voir que lorsqu’il est hu-
mide. C’est l’un des traits les plus
archaïques de notre organisme :
l’œil des mammifères est en effet
né dans l’humidité des océans!
Les larmes sont également une
barrière parfaitement transparen-
te permettant d’évacuer les pous-
sières et les irritants qui menacent
sa surface fragile, en contact direct
avec les agressions du monde ex-
térieur. Chaque œil produit envi-
ron une cuillerée à café de larmes
par jour lorsque tout va bien. La
majorité reste dans nos yeux, puis
s’évapore. Lorsqu’il y en a trop,
elles rejoignent le sac lacrymal et
s’évacuent par le nez. S’il déborde,
les larmes coulent le long de nos
joues…
Les larmes sont constituées en
majorité d’eau, additionnée de sels
minéraux, de protéines et de lipides
qui en assurent la viscosité et l’ad-
hérence tout en limitant leur éva-
poration. Cette composition varie
en fonction du but à atteindre : des
études ont même montré que les
larmes de tristesse et les larmes de
joie seraient différentes. Et c’est là
encore une source de souffrance
pour de nombreuses patientes at-
teintes du syndrome de Sjögren :
les larmes sont un mode essentiel
d’expression pour de nombreuses
émotions humaines… ■ P. L.
IMAGINEZ des poussières ou, pire,
des grains de sable en permanence
dans les deux yeux. C’est la consé-
quence quotidienne la plus dou-
loureuse pour les patientes attein-
tes du syndrome de Sjögren.
Lorsqu’elles travaillent sur écran
ou en environnement asséchant, il
faudrait que des larmes puissent
leur être administrées goutte à
goutte car la douleur est parfois
seulement atténuée par les larmes
artificielles.
La fonction principale des lar-
mes est la lubrification du globe
oculaire. Elles le recouvrent en
permanence d’un film liquide dont
le premier rôle est… la vision : l’œil
plus devant un os juteux que des cro-
quettes premier prix, elles peuvent
apprendre à mieux stimuler la pro-
duction de salive», souligne le
Pr Fauchais. Ajouter de la fleur de sel
au moment de servir ou du jus de ci-
tron pour picoter la langue, cuisiner
avec des bouillons pour faciliter la
déglutition, multiplier les épices
pour favoriser, par l’odorat, la sali-
vation avant le repas sont des
«trucs» que les patientes adoptent
vite. La majorité se plaint également
defatigueinvalidante,enpartieliéeà
la pesanteur d’une vie rendue plus
compliquée en permanence…
Comme pour de nombreuses ma-
ladies auto-immunes, l’expression
du syndrome de Sjögren est cepen-
dant différente d’une patiente à
l’autre. Pour un tiers d’entre elles,
qui ne souffrent d’ailleurs pas tou-
jours de sécheresse, le syndrome de
Sjögren se complique d’atteintes
systémiques d’autres organes: arti-
culations, poumons, reins, nerfs pé-
riphériques mais aussi cerveau. En-
fin, pour 5 % à 10% des malades,
d’autres pathologies auto-immunes,
comme le lupus ou la polyarthrite
rhumatoïde, viennent s’associer au
Sjögren: sans être héréditaire, une
prédisposition génétique favorise la
diminution de la «tolérance de soi»
inhérenteàcespathologies.Leslym-
phocytes peuvent alors se tromper
de cible à plusieurs endroits dans
l’organisme.
Si aucun traitement ne s’attaque
encore spécifiquement aux causes du
Sjögren, des immunosuppresseurs
locaux ou systémiques peuvent être
utilisés, notamment pour faire face
aux complications. C’est d’ailleurs la
promesse de la bithérapie hydroxy-
chloroquine-leflunomide: diminuer
l’activité auto-immune dans tout
l’organisme en espérant atténuer des
symptômes spécifiques au Sjögren.
Pourtant, si la publication montre
des effets positifs sur la biologie de la
maladie, elle révèle peut-être aussi
pourquoi aucun traitement satisfai-
sant n’a pu être proposé à ce jour:
dans cette maladie, comme pour de
nombreuses autres pathologies
auto-immunes, le score d’évaluation
du succès tient compte avant tout
des critères biologiques, plus facile-
ment mesurables, alors même que
l’inconfort est la première plainte
des patientes… ■
le Sjögren, la sécheresse est ce qui
conduit le plus souvent chez un mé-
decin, précise le Pr Anne-Laure
Fauchais, responsable du service de
médecine interne et dermatologi-
que du CHU de Limoges. Il faudra
commencer par éliminer les causes
les plus fréquentes de cette sécheres-
se – âge, hormones, médicaments –
avant d’orienter le diagnostic vers
une maladie auto-immune.»
Une fois le diagnostic confirmé, le
traitement reste symptomatique et il
est souvent contraignant. S’il existe
des larmes artificielles pour soulager
les yeux secs, elles doivent être ap-
pliquées très souvent et peuvent
avoir des effets négatifs à long terme.
Les nombreux lubrifiants qui per-
mettent d’échapper à l’inconfort de
la sécheresse vaginale ne sont pas
toujours faciles à apprivoiser dans
une vie sexuelle à deux.
Fatigue invalidante
Pour les difficultés salivaires, on ne
dispose, en revanche, toujours pas
de substituts d’efficacité démontrée.
Les patientes doivent donc appren-
dre à contourner les difficultés, sur-
toutsilemanquedesalivecomplique
la prise alimentaire ou provoque des
troubles digestifs. «Je leur rappelle
souvent que l’humain est un mammi-
fère et que, comme un chien qui salive
PAULINE LENA
IMMUNITÉ L’échec bruyant de
l’hydroxychloroquine à prouver son
efficacité contre le Covid-19 a large-
ment assourdi l’annonce d’effets bé-
néfiques bien plus réels dans une
autre pathologie: le syndrome de
Sjögren. Une étude publiée en mars
dans le Lancet Rheumatology montre
en effet les effets positifs d’une thé-
rapie combinée d’hydroxychloro-
quine et de leflunomide (un anti-
rhumatismal)surcettemaladieauto-
immune pas si rare qui touche, en
France, environ 150000 personnes
et contre laquelle n’existe aucun
traitement curatif.
Identifiée au début du XXe siècle,
cette pathologie affecte les glandes
exocrines de l’organisme, celles qui
produisent divers fluides comme la
salive, les larmes ou le mucus. Les
lymphocytes, stimulés à tort pour
s’attaquer à ces organes, les coloni-
sent peu à peu, remplaçant le tissu
fonctionnel par du tissu cicatriciel.
Résultat: une sécheresse des yeux,
de la bouche ou du vagin (90% des
malades sont des femmes) qui a un
impact majeur sur la qualité de vie
au quotidien, même si la santé glo-
bale et la durée de vie ne sont pas
significativement impactées. «Dans
Syndrome
de Sjögren:
quand le corps
se fait trop sec
Larmes, salive, mucus… Ces fluides biologiques sont
indispensables au fonctionnement de l’organisme.
Et quand notre système immunitaire s’attaque
à leur production, l’inconfort est permanent.
1 La salive joue également un rôle
d’exhausteurdegoût:elletransporte
les particules alimentaires dans tous
lesrecoinsdelabouche,«prédécou-
pées» en molécules plus petites pour
atteindre tous les récepteurs gusta-
tifs. Pour les patientes atteintes d’un
Sjögren, c’est la double peine: moins
de salive réduit le goût, moins de
goût réduit la salivation… Il faut
compenser avec des aliments plus
fluides et mâcher plus longuement.
Enfin, la salive permet de parler:
elle lubrifie la langue dont les mou-
vements sur les dents et les lèvres
permettent de former les sons du
langage. Pour les enseignantes, com-
merçantes ou comédiennes, avoir la
bouche sèche en permanence est un
sérieux obstacle professionnel. Si une
bouteille d’eau à portée de main ne
suffitpas,lemédecinpeutalorspres-
crire un traitement qui favorise la
production de salive.■ P.L.
CHAQUE jour, la bouche produit un
à deux litres de salive, dont le pre-
mier rôle est antimicrobien. Tous les
humains produisent moins de salive
la nuit. Les bactéries s’accumulent et
l’haleine au réveil en est le témoin…
Lasalivequicouvrelesdentslespro-
tège aussi de l’abrasion constante
des aliments.
Chez les patients atteints du syn-
drome de Sjögren, le déficit en salive
conduitsurtoutàunrisqueplusélevé
d’abcès, de gingivites, de candidoses
et des autres conséquences déplai-
santes d’une accumulation de ger-
mes dans la bouche. L’hygiène
bucco-dentaire est donc essentielle
pour ces patients. La fonction pro-
tectrice de la salive doit être com-
pensée par des bains de bouche fré-
quents et un usage sans modération
du fil dentaire. Le tabac, qui assèche
la bouche même par exposition pas-
sive, doit être évité à tout prix.
Les rôles multiples
de la salive
2
Trois glandes
pour produire
la salive
2
3
1
Lesglandesparotides,
lesplusgrosses,sontsituées
dechaquecôtéduvisage
au-dessousetenavantdesoreilles.
Ellesdéversentlasaliveauniveau
delajoueparlecanaldeSténon.
Lesglandes
submandibulaires
déversentlasalive
danslabouche
parl'intermédiaire
ducanaldeWharton.
Lesglandes
sublinguales
déversentlasalive
danslabouche,
parl'intermédiaire
decanauxreliés
souslalangue.
Mucus externe
Lemucuslubrifie
lamuqueuse
intestinale.
Lumière intestinale
Mucus interne
PAROI
INTESTINALE
Le mucus, protecteur de la paroi intestinale
NUTRIMENTS BACTÉRIES
1
hisseurs (virus, bactéries, parasi-
tes…) qui pourraient, autrement,
pénétrer dans l’organisme.
Les travaux sur le microbiote in-
testinal, qui ont le vent en poupe
depuis une quinzaine d’années, ont
déjà mis en évidence le rôle majeur
de l’intestin dans la régulation mé-
tabolique et de nombreux autres
processus de l’organisme. Le mucus
qui le tapisse est principalement
constitué de mucine, une protéine
couplée à de longues chaînes de
glucides organisées en écouvillons
qui constituent un enchevêtrement
impénétrable. Leur rôle protecteur
est bien identifié dans la sphère
ORL. En empêchant les pathogènes
de pénétrer profondément dans
l’organisme, le mucus intestinal li-
mite aussi l’ampleur de la réaction
immunitaire nécessaire et de l’in-
flammation qui l’accompagne.
«LE MUCUS intestinal, c’est vrai-
ment magique ! », s’enthousiasme
Benoît Chassaing, responsable de
l’équipe Inserm Interactions mi-
crobiote/mucus dans les maladies
inflammatoires chroniques. « C’est
une barrière 100% imperméable
pour les indésirables, mais qui laisse
passer toute l’eau et les nutriments
dont l’organisme a besoin.»
Le mucus est en effet l’un des
fluides les plus surprenants du
corps humain, et dont les secrets
commencent seulement à se révéler
alors que l’organisme en fabrique
assez pour tapisser généreusement
chaque centimètre de l’intestin! Sa
fonction principale est de lubrifier
la muqueuse intestinale pour la
protéger de l’abrasion des éléments
qui circulent dans le tube digestif.
Mais il constitue également une
barrière contre les nombreux enva-
Le mucus intestinal, généreux tapis
de protéines pour repousser les enva
lundi 31 août 2020 LE FIGARO
2. Ilconstitueaussiunebarrière
contrelesenvahisseurs:
virus,parasites,bactéries….
2
DE MULTIPLES
CAUSES DE
SÉCHERESSE
OCULAIRE
Un tiers des adultes
souffrent de sécheresse
oculaire, selon
l’Assurance-maladie.
En dehors de certaines
pathologies, les causes
peuvent être multiples,
à commencer par l’âge :
après 60 ans, les glandes
lacrymales fonctionnent
moins bien, en particulier
chez les femmes après
la ménopause. Notre
environnement joue
aussi un rôle : pollution,
allergènes, climatisation
ou fumée de cigarette
assèchent les yeux,
de même que la prise
de toxiques (tabac…), de
certains médicaments,
ou le port de lentilles
de contact.
36000
litres
La quantité
de salive que peut
produire un être
humain durant
son existence
25fluides
corporels
sont fabriqués par
l’organisme humain,
du sang à l’urine
en passant par
le liquide amniotique,
la lymphe, la sueur,
le liquide
cérébro-spinal…
«Dans de nombreuses maladies
inflammatoires chroniques comme la
maladie de Crohn, nous avons pu ob-
server que le mucus intestinal était
altéré, devenant plus perméable aux
envahisseurs, raconte Benoît Chas-
saing. Par ailleurs, certaines bacté-
ries intestinales manquent dans
d’autres pathologies inflammatoires
comme l’obésité ou le diabète de
type 2.» Ces bactéries jouent un rôle
dansleturnoverdumucusetl’équi-
pedeBenoîtChassaingapumontrer
que des probiotiques, comme l’inu-
line, peuvent améliorer la qualité du
mucus. À l’inverse, des additifs ali-
mentaires comme les émulsifiants
provoquent une altération du mi-
crobiote avec un effet délétère sur le
mucus. Les preuves s’accumulent :
l’alimentation, notre meilleure al-
liée, peut aussi devenir notre pire
ennemie… ■ P. L.
3hisseurs