#CRISE #CERVEAU #SENTIMENT #AVENIR
裂 Parmi les leçons à tirer de la crise #sanitaire, "le réel (qui) se rappelle à nous et peut-être (nous) rendre plus #solidaires" précise Christophe André, #psychiatre à l'Hôpital sainte anne.
✅♀ Une acceptation du réel qui nous pousse à mettre notre énergie dans l'adaptation puis dans le combat.
⚡❤️ Cette crise révèle des clivages, des lignes de fracture, à la fois par la richesse des #ressources intérieures et extérieures de chaque personne ainsi que par leur âge.
Pour créer un mouvement de #réouverture, il faut reconnaître qu'on ne sait pas et ne pas mentir, dépasser tout scepticisme en allant vers une #médecine de la #santé, de la #personne, de la #prévention.
露♀♻️ Il faut changer nos façons de fonctionner, combattre nos fragilités pour un monde "plus joyeux et plus épanouissant".
https://lnkd.in/dZbjmsa
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#healthcare #patientcentric #prevention #Miloé #environnement #écologie #sportsanté #inclusion #diversité
1. le journal du dimanche
dimanche 3 janvier 2021
S’il y avait une leçon à tirer de la
crise sanitaire, ce serait « le retour
au réel ». C’est en tout cas l’analyse
du psychiatre Christophe André,
expert des troubles émotionnels,
anxieux et dépressifs. « Il faut
ouvrir les yeux, balayer nos illu-
sionsdelongévité,degarantied’une
sécurité matérielle qui nous avait
rendusenpartieégoïstes,exigeants,
capricieux, espère le médecin, spé-
cialiste de la méditation. Le réel
se rappelle à nous et peut-être que
ça va nous rendre plus solidaires. »
Est-on mieux préparés à vivre 2021,
car il n’y a plus l’effet de surprise ?
Mieuxpréparés,jenesaispas,mais
mieuxprévenus,oui !Iln’yapasde
surprise : le virus est là, il y aura de
nouvelles vagues et de nouveaux
virus à l’avenir. On est mieux pré-
parés à se protéger du virus. Mais
est-onpourautantmieuxpréparés
à vivre et à s’épanouir dans un tel
climat ? La réponse est mitigée.
Danslasociété,ilyaurasansdoute
un clivage de plus en plus grand
entre les résignés et les indignés.
Ceux qui acceptent et ceux
qui n’acceptent pas ?
En psychologie, l’acceptation est
une démarche active dans laquelle
on reconnaît le réel. On ne se dit
pas « c’est bien » mais « c’est là »,
et on décide de composer avec le
réel.Onn’estnidansledéninidans
l’indignation.L’acceptationestune
démarchequinouspoussenonpas
àrenonceràl’action,maisàchoisir
uneactionéconomiquepouréviter
les gesticulations liées à la colère
ou à la peur. Accepter, ce n’est pas
subir sans rien dire, mais mettre
son énergie dans l’adaptation à ce
qui est là, puis dans le combat.
Quel est l’effet psychologique
de ces confinements à répétition ?
La répétition des adversités et des
épreuves aboutit à deux grandes
conséquences : soit une habitua-
tion, soit une allergie. On le voit
dans les pays en guerre, les gens
peuvent finir par s’habituer aux
situations les plus violentes et
développer une sorte de savoir-
faire de survie ; mais on peut aussi
s’allergiser, devenir intolérant
aux difficultés. Pour certains, la
répétition des confinements est
vécueavecfatalisme,maisd’autres,
qui n’ont pas les ressources pour
s’adapter, se sentent trop sollicités
et ça peut les conduire à un effon-
drement psychologique.
Quelles sont nos ressources
pour y faire face ?
Il y a les ressources intérieures
et extérieures. Cette pandémie
donne un avantage psychologique
auxgensquiontunevieintérieure
riche,auxintrovertis,auximagina-
tifs,auxprofessionsintellectuelles,
pluséquipéespourrééquilibrerleur
mental ;etundésavantageauxper-
sonnes qui puisent leur équilibre
principalement dans les actions et
lesinteractions.Pourelles,l’action
– travailler, cuisiner, jardiner, cou-
rir, bricoler – est un anxiolytique.
Orlesconfinementsmodifientnos
capacités d’action et nous privent
de toutes ces petites rencontres
au fil de l’eau. Pour certains, c’est
un grand facteur de déséquilibre.
Quant aux ressources extérieures,
c’estparexempleavoirunemaison,
unjardinoudesamisdel’autrecôté
delarue.Cettecriserévèledescli-
vages, des lignes de fracture entre
lesdifférentsprofilsdepopulation.
La crise a-t-elle créé un clivage
entre les jeunes et les vieux ?
Entre les âgés qui ne veulent pas
mourir et les jeunes qui veulent
vivre, nos gouvernants ont fait
le choix de protéger les âgés
et de sacrifier les jeunes. Chez
les 15-30 ans, la fréquence des
symptômes de nature anxieuse
et dépressive a doublé. Ce choix
sanitaire va générer des dégâts
sociologiques et économiques
énormes, et doit pousser notre
pays à s’interroger sur les pro-
chaines pandémies. Est-il vrai-
ment sage de sacrifier l’avenir des
jeunes pour faire gagner quelques
années de vie aux plus âgés (dont
je suis) ? La question mérite d’être
posée et on ne peut pas laisser les
médecins seuls face à ce dilemme.
Je crois que ça doit être l’occasion
d’un vrai débat politique, car l’une
des vertus de cette crise est qu’elle
est une répétition générale pour la
prochaine pandémie.
Pourquoi les jeunes sont-ils
les plus pénalisés ?
C’est toute une génération qui ne
peut pas faire son apprentissage
correctement. C’est aussi toute
une tranche d’âge en construc-
tion sociale : c’est à cet âge qu’on
se nourrit du contact avec les
autres, qu’on découvre qui on est
en ayant des aventures amicales
ou sentimentales, en trouvant sa
voie dans la vraie vie et pas sur les
écrans. C’est toute une génération
à qui l’on injecte une forte dose
d’angoisse de l’avenir. Et, enfin,
ils ont quand même le sentiment
de payer l’addition, et la plus cor-
sée, pour les autres. On ne pourra
pas recommencer à les esquinter
comme ça à la prochaine crise.
La crise révèle-t-elle le meilleur
et le pire des individus
et de la société ?
C’estunphénomèneclassiquedans
toutes les crises. Ce qui augmente
dans un premier temps, c’est la
rigidité,laméfiance,lereplisursoi,
lelienavecdesgensànotreimage.
On s’accroche à ses certitudes. On
appauvrit sa vision du monde en
ne lisant que des informations qui
nousconviennent.Onn’écouteplus
lesgensquinepensentpascomme
nous.Lemouvementquidoitsuivre
estunmouvementderéouverture,
de reprise des interactions et des
actions dans un environnement
modifié. On doit réapprendre à
fonctionner différemment, à faire
le tri parmi nos peurs.
Comment peut-on apprendre
à faire face à l’incertitude ?
C’est difficile, car notre cerveau,
comme celui de la plupart des
mammifères, déteste l’incertitude.
On n’a pas de centre cérébral de
l’incertitude que l’on pourrait
activer face à une situation floue.
On n’est pas capables de se dire
« tu ne sais pas, attends d’avoir
plus d’informations pour décider
et agir ». À la place, on préfère se
raconter des histoires. Mais il est
très rare d’entendre des gens qui
disent : je ne sais pas. S’il faut pour
les scientifiques et les politiques
retenir deux leçons de cette crise,
c’est : un, reconnaître qu’on ne sait
pas et, deux, ne jamais mentir. Le
mensonge, sur les masques, par
exemple, est une catastrophe à
longtermequifaitflambertousles
discours de méfiance par rapport
à toute forme de parole officielle.
Est-ce que ça aboutit, in fine,
au scepticisme sur le vaccin,
plus fort en France qu’ailleurs ?
Ce scepticisme est le fruit de phé-
nomènes compliqués. L’explica-
tion optimiste est de penser qu’on
identifie, au fond, le vaccin à une
médecine dont on ne veut plus :
une médecine de la maladie, des
organes, une médecine techni-
cienne ; alors qu’on veut aller vers
unemédecinedelasanté,delaper-
sonne, de la prévention. Il y a un
aspect légitime dans la méfiance
si elle est le fruit de la prudence,
de l’exigence, de la transparence.
Mais, à la fin, la raison doit tran-
cher : et c’est pour ça que je pense
que la majorité des citoyens (dont
moi) se feront vacciner, une fois
l’efficacité et l’innocuité avérées.
Comment avancer ?
Il faut ouvrir les yeux sur le réel,
balayer nos illusions de longé-
vité, de garantie d’une sécurité
matérielle qui nous avait rendus
enpartieégoïstes,exigeants,capri-
cieux. Le problème d’une société
matérialisteestqu’ellenousdonne
l’illusion qu’on peut se passer de
l’aide des autres, qu’on peut s’en
sortir tout seuls avec sa famille,
qu’on est forts en tant qu’individu.
Mais quand une crise survient on
s’aperçoit qu’on est plus mal tout
seuls que si on est soutenus par
des proches, des voisins, des collè-
gues. La vertu de toute crise est ce
rappel au réel et à l’évidence : nous
sommes fragiles, trop nombreux,
tropremuants,troppolluants.Ilva
falloirqu’onmodifietoutçapourle
mieux. Si on arrive à changer nos
façons de fonctionner, ce monde
peut devenir plus joyeux et plus
épanouissant.
Faut-il finalement accepter
nos fragilités ?
Les gens ne se rendent pas compte
qu’on a vécu un demi-siècle de
royaume enchanté dans lequel
les progrès étaient linéaires : paix,
démocratie, confort, santé… On
avait la certitude que nos enfants
vivraient dans un monde meilleur,
que tout était prévisible et maî-
trisable. Les progrès de la méde-
cine nous garantissaient de vivre
centenaires et en bonne santé. On
avait des certitudes illusoires qui
étaienttrèsagréables,sécurisantes,
très confortables mais aussi très
mensongères ! On revient à une
situation normale : la vie humaine,
c’est une dose minimale d’adver-
sité, de souffrance, d’incertitude.
Peut-on s’y faire ?
Oui, je crois. Les civilisations qui
nous ont précédés, l’Antiquité,
le Moyen Âge, en sont la preuve.
On savait que la vie était fragile
et pourtant on a vécu, on a été
heureux par moments, malheu-
reux à d’autres, on a créé des
œuvres d’art, mis au point de
nouvelles techniques… Une civi-
lisation peut être passionnante
et brillante malgré le poids de
l’incertitude et de l’adversité. Il
faut le réapprendre parce qu’on
y est confrontés et qu’on n’a pas
le choix. g
Propos recueillis par
Marianne Enault
Christophe André, psychiatre
«Notre cerveau déteste l’incertitude»
« Ce monde peut
devenir plus
joyeux et plus
épanouissant»
« On n’écoute
plus les gens qui
ne pensent pas
comme nous»ltgalteletete
Avenir Espoir, crainte,
fragilités, rebonds...
Le médecin décrypte
nos ressources face à
la crise et notre attitude
concernant les vaccins
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